La Revue du M.A.U.S.S.
(Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales)

 La Bibliothèque du M.A.U.S.S. (4/5) :
LAVILLE Jean-Louis, CAILLÉ Alain, CHANIAL Philippe, DACHEUX Éric, EME Bernard, LATOUCHE Serge, 2001, Association, démocratie et société civile
MOUFFE Chantal, 1994, Le Politique et ses enjeux. Pour une démocratie plurielle.
NICOLAS Guy, 1995, Du don rituel au sacrifice suprême.
NODIER Luc Marie, 1995, Anatomie du bien. Explication et commentaire des principales idées de Platon concernant le plaisir et la souffrance, la bonne façon de vivre et la vie en général.

Association, démocratie et société civile
Jean-Louis Laville, Alain Caillé, Philippe Chanial, Éric Dacheux, Bernard Eme, Serge Latouche, mai 2001, 224 p., 125 F, 19,06 euros
Version numérique (PDF) : 10 euros
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ISBN 2-7071-3500-3

     La réunion de Porto Alegre (l’anti-Davos), en janvier 2001, a été considérée par beaucoup d’observateurs comme l’acte de baptême d’une société civile internationale. Fondée sur le foisonnement de myriades d’associations de tous pays et de toutes cultures, elle seule serait à même de réparer ou de limiter les dégâts du marché d’une part, et de desserrer l’emprise des États autoritaires ou dictatoriaux de l’autre.
     Ces espoirs sont légitimes. Aucune démocratie ne saurait rester ou devenir vivante sans qu’y prolifèrent des associations en tous genres. Il y a cependant loin de la coupe aux lèvres ! Les associations ne sont pas nécessairement et toujours aussi démocratiques qu’elles le proclament. Et ont-elles même une raison d’être véritable et spécifique ? Les entreprises ou les administrations ne sont-elles pas souvent plus aptes et mieux habilitées qu’elles à fournir les services qu’elles prétendent offrir ? Il faut faire toute leur part à ces doutes et à ces critiques de l’association. Mais ne pas non plus s’y complaire, car l’idéal de la société civile associationniste mérite d’être pris au sérieux.
     Écrit à plusieurs voix par des analystes reconnus du fait associatif, ce livre est le lieu d’un débat particulièrement ouvert qui entend se tenir aussi éloigné de l’angélisme que du cynisme. Sur ces questions essentielles, où se joue l’avenir de l’aspiration démocratique, cent ans après l’adoption de la loi de 1901, il permet de faire la part du souhaitable, du possible et de l’effectif.

Les auteurs,universitaires et chercheurs au CNRS, ont écrit de nombreux articles et ouvrages sur la question associative. Le présent livre prolonge et approfondit les réflexions menées notamment dans Sociologie de l’association (J.L. Laville et R. Sainsaulieu, 1997, Desclée de Brouwer) et Une seule solution, l’association ? (La Revue du MAUSS semestrielle n° 11, 1998, La Découverte/MAUSS)


Le Politique et ses enjeux
Pour une démocratie plurielle
Chantal MOUFFE,
176 p., 145 F, 22,11 euros

     Le débat classique, en France et en Europe, entre libéralisme et socialisme, ou, aux États-Unis, entre libéralisme et « communautarisme », s'épuise et débouche sur une impasse. L'adhésion au libéralisme individualiste nous condamne à tout accepter de la modernité occidentale capitaliste, y compris ses tares les plus criantes, et à tout refuser des cultures ou des valeurs qui ne se plient pas au modèle dominant. Mais, à l'inverse, l'aspiration communautarienne à refonder l'ordre social sur des fins partagées par tous témoigne d'une incapacité à comprendre le fait que les sociétés modernes sont inexorablement divisées et que c'est justement en cela qu'elles sont démocratiques. En fait, par delà l'opposition rituelle qui les sépare, libéraux individualistes, communautariens et socialistes traditionnels participent d'une même difficulté à accepter le fait du conflit et de la pluralité des valeurs. Pour cette même raison, si les philosophes qui les inspirent savent élaborer des doctrines morales et juridiques, ils ne parviennent pas à élucider les enjeux du politique.
     En esquissant les grandes lignes d'une philosophie proprement politique, et non seulement morale ou juridique, Chantal Mouffe qui, la première, a fait connaître en France le débat américain entre libéraux (tels J. Rawls ou C. Larmore) et communautariens (tels A. Mac Intyre, M. Sandel, C. Taylor ou M. Walzer) dessine ici les contours de ce que pourrait être un socialisme libéral et agonistique. Autrement dit, une démocratie authentiquement plurielle et radicale.

Philosophe politique, directrice de programme au Collège international de philosophie de 1991 à 1994, professeur-visitante et conférencière dans de nombreuses universités d’Europe, du Canada, des États-Unis et d’Amérique latine, Chantal MOUFFE est notamment l'auteur de Gramsci and Marxist Theory (Londres, 1979) et de The Return of the Political (Verso, 1994). Elle a dirigé, chez Verso (1992), un volume collectif Dimensions of Radical Democracy: Pluralism, Citizenship, Community. Avec Ernesto Laclau, elle est l'auteur de Hegemony & Socialist Strategy ; Towards a Radical Democratic Politics (Verso, Londres, 1985).


Du don rituel au sacrifice suprême
Guy NICOLAS, 174 p., 125 F, 19,06 euros

     L’échec des « programmes de développement » dans le tiers monde comme l’explosion des mobilisations ethniques ou confessionnelles attestent de l’insuffisance des modèles d’analyse des sciences humaines et sociales. Des pans entiers du comportement des hommes restent en effet exclus du champ scientifique. Tel est le cas des pratiques de don rituel, qui, malgré leur actualité et leur omniprésence dans toutes les sociétés humaines, se voient systématiquement renvoyées a un passé archaïque. Tel est encore celui de la passion du « sacrifice suprême », de la mort acceptée, offerte et glorieuse du martyr, cette forme exacerbée du don rituel. Nul doute pourtant que ces pratiques ne connaissent aujourd’hui un regain impressionnant ! L’amour et la défense de la patrie, de la communauté des croyants ou du clan n’exigent-ils pas le don ultime, celui de sa propre vie ?
     À l’écart et à l’opposé de tous les dogmatismes académiques, Guy Nicolas explore ici un vaste champ d’investigation. Il présente dans ce livre les résultats d’un itinéraire de recherche singulier, qui l’a mené de l’analyse ethnographique la plus minutieuse des pratiques de don rituel en Afrique à une réflexion particulièrement informée sur les mobilisations politiques actuelles au sein, notamment, de l’ex-Yougoslavie, du Nigeria et de l’Afghanistan. Cette réflexion débouche sur une théorie générale des « Ensembles sociaux a polarisation variable ». Dans un langage simple et direct, l’auteur offre des clés particulièrement puissantes et efficaces pour comprendre ce présent qui nous échappe d’autant plus que nous pensions en avoir fini à tout jamais avec l’obligation rituelle et la passion du sacrifice.

Guy Nicolas, né en 1932, a mené treize années de recherche en Afrique noire dans le cadre du CNRS. Professeur des universités, il dirige actuellement le cursus consacré au monde islamique à l’INALCO. Il est l’auteur, notamment, de Dynamique de l’Islam au sud du Sahara (Publications orientalistes de France, 1981) et de Don rituel et échange marchand dans une société sahélienne (Institut d’ethnologie, 1986).


Anatomie du Bien
Explication et commentaire des principales idées de Platon concernant le plaisir et la souffrance, la bonne façon de vivre et la vie en général
Luc Marie NODIER,
220 p., 138 F, 21,04 euros

     Dans les dialogues imaginés par Platon, Socrate ne cesse d’invoquer le bien. Qu’est-ce qui se cache ainsi derrière le nom du bien chez Platon ? Est-ce la justice, la « vertu » ? Un dieu ? Le monde en sa belle « âme » ? Dieu lui-même ou alors, à l’opposé, l’émotion du plaisir ? À ce problème, Luc Marie Nodier répond avec une passion insolite et aussi quelque insolence si on considère à quel point les lectures reçues de Platon esquivent cette question. Malgré — ou plutôt à cause de — son dessein critique, son enquête vise d’abord la reconstitution d’une théorie platonicienne de la douleur et du plaisir, rarement perçue avec clarté, dont il est montré qu’elle est à la fois plus cohérente et plus digne d’être interrogée qu’il n’a semblé jusqu’ici. Elle peut en outre servir de préparation et d’incitation au renouveau de la pensée athéologique.
     Si cet ouvrage étonnamment écrit paraît dans une collection vouée aux sciences sociales, c’est parce que ces dernières, qui se croient à mille lieues de la philosophie et de Platon, feraient bien de s’interroger à propos de cette méditation. Car que veulent-elles dire lorsque, analysant la société, elles mettent en avant des sujets supposés rationnels qui chercheraient à maximiser leur satisfaction ? Ne présupposent-elles pas ainsi qu’on cherche toujours son bien ? Mais comment le trouver si nous ignorons tout de la nature du bien ?

Agrégé de philosophie, docteur ès lettres, Luc Marie Nodier est actuellement chargé de mission en Mélanésie. Il est l’auteur de divers articles touchant la pensée religieuse et d’une thèse sur La corruption et ses remèdes imaginaires. C’est sur ce même sujet qu’il poursuit actuellement ses travaux dans la société des Maoris.