La Revue du M.A.U.S.S.
(Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales)

L'autre socialisme Entre utilitarisme et totalitarisme (RdM n° 16)
Éthique et économie, l'impossible (re)mariage (RdM n° 15)
Villes bonnes à vivre, villes invivables (RdM n° 14)
Le retour de l’ethnocentrisme, purification ethnique vs. universalisme cannibale (RdM n° 13)
Plus réel que le réel, le symbolisme (RdM n° 12)
Une seule solution, l’association ? Socioéconomie du fait associatif (RdM n° 11)
Guerre et paix entre les sciences. Disciplinarité, inter et transdisciplinarité (RdM n° 10)
Comment peut-on être anticapitaliste ?(RdM n° 9)
L’obligation de donner, la découverte sociologique capitale de Marcel Mauss (RdM n° 8)
Vers un revenu minimum inconditionnel (RdM n° 7)
Qu’est-ce que l’utilitarisme ? Une énigme dans l’histoire des idées (RdM n° 6)
À quoi bon (se) sacrifier ? Sacrifice, don et intérêt (RdM n° 5)
À qui se fier ? Confiance, interaction et théorie des jeux (RdM n° 4)
Pour une autre économie (RdM n° 3)
Cheminements politiques (RdM n° 2)
Ce que donner veut dire (RdM n° 1)

L’autre socialisme Entre utilitarisme et totalitarisme
Revue du MAUSS semestriellen° 16, 2e semestre 2000, 416 p., 175 F, 26,68 euros
Version numérique (PDF) : 416 p., 15 euros Acheter maintenant

     Il y a vingt-cinq ans, le libéralisme économique semblait mort et enterré. Aujourd'hui, ressuscité de ses cendres, il triomphe mondialement, et aucune idéologie ne semble plus en mesure de le contrer. Le marxisme a du mal à se remettre de sa liaison coupable avec le totalitarisme communiste et de l’autodestruction des « socialismes réels ». Du coup, la référence au socialisme apparaît désuète. Comme si, privées du repoussoir communiste, les idéologies social-démocrates — ces socialismes atténués et euphémisés —, si nécessaires qu’elles aient été pour civiliser le capitalisme d’après-guerre, apparaissaient subitement fades et sans saveur. Si l’essentiel est uniquement l’accroissement du niveau de vie, ne vaut-il pas mieux laisser faire le marché ?
     Pourtant, à réexaminer, de Saint-Simon à Jaurès, la tradition du socialisme français — trop vite qualifié d’utopique par le marxisme —, on s’aperçoit qu'il était et reste porteur d’autres possibles. Certes, elle n’a pas su clarifier suffisamment ses rapports à l’utilitarisme benthamien, à la « dogmatique de l’égoïsme » — cette matrice commune au socialisme et au libéralisme —, et au sacrificialisme altruiste qui allait accoucher de la composante totalitaire du communisme.
     Mais, à mi-chemin de ces deux écueils, cette relecture révèle une pensée audacieuse de la solidarité par association, l’attente d'un socialisme « associationniste » qui ne succomberait ni à la dissolution libérale dans les intérêts individuels, ni à la fusion totalitaire des intérêts dans une communauté fantasmatique. À l’heure où la tâche qui nous attend est de contribuer à l’émergence et à la consolidation d’une société civile associationniste, cette tradition est sans doute la source d'inspiration la plus précieuse qui nous reste.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : P. Bitoun, A. Caillé, D. Céfaï, P. Chanial, G. Delfau, M. Dion, B. Eme, R. Frégosi, C. Gaillard, L. Gardin, M. Herland, D. Howard, J. Jaurès, S. Kalberg, J.-L. Laville, J.-P Le Goff, P. Leroux, B. Maton, J.–F Marchat, J-C. Michéa, B. Perret, B. Théret, Y Vaillancourt, B. Viard, J. Viard.


Éthique et économie L’impossible (re)mariage
Revue du MAUSS semestrielle n° 15, 1er semestre 2000, 432 p., 175 F, 26,68 euros
Version numérique (PDF) : 432 p., 15 euros Acheter maintenant

     Pour la science économique dominante, l’affaire est entendue : c’est le libre jeu des intérêts et du calcul égoïste propres à l’homo œconomicus qui gouverne l’économie ; et l’exhortation à l’altruisme, au don pur et désintéressé, ne relève que de la morale. À nous de nous débrouiller avec cette injonction contradictoire, qui fait croître le cynisme à proportion de l’angélisme.
     Que cette rupture de l’éthique et de l’économie soit potentiellement destructrice de l’une comme de l’autre, on le pressent aisément. Mais comment procéder au remariage après le divorce ? L’impressionnante vogue de l’éthique de l’entreprise, ici examinée, laisse des sentiments mitigés : comment démêler ce qui témoigne d’un véritable progrès de l’exigence éthique de son instrumentalisation ? C’est donc pas à pas, avec rigueur et précaution, qu’il faut tenter de recoller les morceaux.
     En examinant, du « commerce éthique » aux projets de réforme de l’entreprise, certaines des formes possibles du remariage. Mais surtout, en montrant l’impraticabilité théorique et pratique de l’économisme et du moralisme, ces frères à la fois ennemis et complices. Comment se prétendre moral, animé uniquement par une éthique de la conviction, si cela doit aboutir à revendiquer son irresponsabilité ?
   Au bout du compte, et contrairement à ce que ses promoteurs pouvaient croire, ce numéro du MAUSS conclut non seulement à la nécessité d’une réconciliation de l’éthique et de l’économie, mais aussi et surtout à sa possibilité. Même la perspective d’une science économique débarrassée de son amoralisme structurel apparaît au terme de cet examen à portée de main. Ne boudons pas cette touche d’optimisme inattendue !

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : I. AI-Naquid, J. Alric, C. Arnsperger, 0. Boiral, F Bowring, P. Cahuc, A. Caillé, M. Capron, E. Deléage, P. Dumesnil, C. Gendron, J. T. Godbout, M. Hénaff, A. Insel, R. Kempf, Y Lambert, S. Latouche, F. R. Mahieu, J. Maucourant, M. Mauss, R. Misrahi, C. Papilloud, T Perna, A. de Pontvianne, A. Salmon, I. Silber, M. Terestchenko, S. Trigano, G. Verna.
AVEC LES RÉACTIONS DE : F Bayrou, J.-P. Chevènement, J.-C. Guillebaud, Ph. Herzog, H. de Jouvenel, G. Lafay, R. Lesgard, M. Mathieu, C. Neuschwander, M. Rocard, P Séguin.


Villes bonnes à vivre, villes invivables
Urbanisme, utilitarisme et démocratie
Revue du MAUSS semestrielle n° 14, 2e semestre 1999, 408 p., 175 F, 26,68 euros
Version numérique (PDF) : 15 euros
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ISBN 2-7071-3155-5 

      Qu’est-ce qui fait que certaines villes semblent invivables tandis que d’autres dégagent un charme inépuisable ? Que tel ensemble architectural nous parle quand tel autre nous fait horreur ? On sait à quel point ces questions sont aujourd’hui difficiles à trancher. Car, nous détestons nos villes massifiées et fonctionnelles qui nous font regretter l’harmonie des villes anciennes ; et, en même temps, nous ne pouvons envisager de faire retour à celle-ci. Pourquoi faire de l’ancien avec du neuf, en effet ? Mais aussi : comment donc construire nos villes, désormais ?
      Telles sont les questions — les questions de tout le monde — auxquelles ont été invités à répondre les auteurs de ce numéro. Avec, au départ, une certitude : celle qu’il existe une étroite connivence et interdépendance entre le fonctionnalisme architectural et urbanistique — celui qui triomphe avec le Bauhaus et la charte d’Athènes, et qui cristallise la représentation de la modernité du XXe siècle — et l’utilitarisme théorique qui domine depuis deux siècles dans les sciences sociales, en philosophie politique et, sans doute, en politique tout court.
      C’est le résultat de cette première enquête, menée aussi bien par des architectes et des urbanistes que par des philosophes, des sociologues, des géographes ou des économistes, que nous livrons à la méditation du lecteur dans ce numéro.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : F. Benbekaï, M. Berman, P Calame, A. Caillé, C. Castoriadis, P. Cingolani, J. Dewitte, E. Fistetti, A.-M. Fixot, K. Gruber, B. Guerrien, M. Hénaff, S. Kalberg, E. Kallai, L. Krier D. Lapeyronnie, L. Maîtrier, J.-C. Michéa, C. Norbert-Schultz, H. Sedlmayr, G. Séraphin, N. Soulier, D. Temple, E. Vergara, M. Wiel..


Le retour de l’ethnocentrisme
Purification ethnique vs. universalisme cannibale
Revue du MAUSS semestrielle n° 13, 1er semestre 1999, 432 p., 175 F, 26,68 euros

Version numérique (PDF) : 432 p., 15 euros Acheter maintenant

     En 1989, la chute du Mur de Berlin semblait annoncer la fin du mensonge et des illusions totalitaires. Pendant quelques années, le monde occidental se prit à rêver de la paix perpétuelle qu'amènerait l'extension rapide à toute la planète de l'économie de marché, des droits de l'homme, des technosciences et de la démocratie. D'un universalisme enfin accepté. Aujourd'hui, le cauchemar a succédé au rêve : partout dans le monde, on se massacre allégrement et des États se défont au nom de la pureté de la race ou de la religion.
     L'Occident aurait tort de croire que ce sont là affaires de barbares qui ne le concernent pas. D'abord, parce que le conflit se fait désormais sentir aux portes des démocraties les mieux ancrées (voir le Kosovo), et même en leur cœur. Et surtout, parce que cet effarant retour de l'ethnocentrisme au Sud et à l'Est semble proportionnel à la secrète violence impliquée par la norme universaliste occidentale. Comme si, derrière l'apparente neutralité de la marchandise, des images et du juridisme, nombre de peuples percevaient un ethnocentrisme paradoxal, celui de l'universalisme du Nord et de l'Ouest, d'autant plus dévastateur qu'il nie toute pertinence des différences culturelles.
     Dans une situation aussi dramatique, la pensée hésite. Impossible, au nom d'un relativisme irresponsable, d'avaliser les folies purificatrices. Impossible aussi, au nom d'un universalisme aveugle, de méconnaître les ravages produits par la prétention de l'Occident au monopole de la culture légitime. Mais impossible, tout autant, de renoncer à définir des normes éthiques, politiques et culturelles minimales que l'humanité entière soit effectivement susceptible de partager. Entre un relativisme sans principe et un universalisme cannibale, la voie est étroite, mais elle existe. Elle est celle d'un relativisme modéré, d'un « pluriversalisme ». C'est elle que les auteurs de ce numéro de la Revue du M.A.U.S.S. invitent les lecteurs à explorer avec eux.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : J-P. Berlan, J. Blanc, J.-L. Boilleau, A. Caillé, E. Cassano, C. Castoriadis, E. Eberhard, J. -B. de Foucauld, E. Fourquet, J. T. Godbout, E. Laclau, S. Latouche, C. Lévi-Strauss, B. Martin, S. Mêle, G. Nicolas, R. Panikkar, D. Perrot, H. Raynal, P. Renault, A. Rivera, P. Rospabé, J.-.M. Servet, M. Singleton, D. Temple.


Plus réel que le réel, le symbolisme
Revue du MAUSS semestrielle n° 12, 2e semestre 1998, 432 p., 195 F, 29,73 euros
Version numérique (PDF) : 432 p., 15 euros Acheter maintenant

     Pour le sens commun, est symbolique ce qui se substitue à la réalité, et qui se révèle être moins qu’elle. Mais pour les sciences sociales, le symbole est plus réel que la réalité même : depuis un siècle, la nature symbolique de la réalité sociale est largement reconnue. Central aussi bien dans la psychanalyse lacanienne que dans l’anthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss, ce thème inspire nombre de débats actuels sur la « perte des repères symboliques » que représenteraient la procréation médicalement assistée, le clonage des êtres humains, la « réalité virtuelle » ou le mariage des homosexuels.
     Pour aider à comprendre les enjeux de ces débats, les auteurs de ce numéro de la Revue du MAUSS s’interrogent sur les diverses acceptions de la notion de symbolisme. Ils rappellent que le véritable inventeur de son usage moderne fut Marcel Mauss, qui y a fait converger les notions de sacré, de religion ou de représentations collectives. Et ils montrent comment ce concept, venu de la religion puis de la philosophie jusqu’à la sociologie, a ensuite largement déserté cette discipline pour les rives de l’ethnologie puis. de la psychanalyse et de la littérature d’« avant-garde ». Au point que le symbolisme, livré au jargon, écartelé entre les chapelles, est devenu peu à peu inintelligible, et voué à tous les obscurantismes.
     Pourtant, en effet, les hommes ne font société et ne deviennent sujets que liés par des symboles : la tradition intellectuelle française a raison. C’est à sa redécouverte nécessaire qu’invite cet ouvrage.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : A. Babadzan, G. Berthoud, J.-L Boilleau, A. Caillé, B. Cannone, M. Chabal, M. Dion, I. Ditchev, D. Duclos, S. Dzimira, J. Godbout, H. Guillemin, R. Hamayon, S. Laflamme, S. Latouche, D. Lebreton, M. Mesnil, V. Mihailescu, R. Misrahi, A. Ratouis, H. Raynal, J. Rémy, P. Rospabé, L. Scubla, C. Tarot, D. Temple, T. Vandevelde.


Une seule solution, l’association ?
Socio-économie du fait associatif
Revue du MAUSS semestrielle n° 11, 1er semestre 1998, 368 p.,
Version papier : 26,68 euros
Version numérique (PDF) : 15 euros
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ISBN 2-7071-2861-9

   Le sous-titre de cet ouvrage aurait pu être : « Pour contribuer aux cérémonies du cent-cinquantième anniversaire de la révolution de 1848 et du trentième de Mai 1968 ». Ce que ces deux événements ont en commun, c’est l’affirmation d’une spontanéité qui se dresse contre les pouvoirs établis pour ne reconnaître comme légitimes que les institutions issues de la libre association des hommes (et des femmes). « Une seule solution, la révolution », disait-on en 1968 ! Oui mais, répondait en somme à l’avance, en 1848, Pierre Leroux, l’inventeur du mot socialisme et le prophète lucide de tous les drames qu’allait engendrer une collusion trop étroite du socialisme et de l’étatisme, oui, mais à condition que ce soit la révolution de l’association.
   Il donnait ainsi naissance à une longue lignée de socialistes associatifs, dont en France Jean Jaurès et Marcel Mauss auront été parmi les plus grands représentants. Or il faut bien reconnaître qu’ils ont toujours succornbé face à des forces plus puissantes. Comme si l’association devait systématiquement céder le pas aux syndicats, les syndicats aux partis, les partis aux États. N’est-il pas temps, grand temps, d’amorcer un cheminement inverse en partant de la thèse que l’association est au cœur du rapport social, lorsque celui-ci ne se réduit pas à la contrainte ? Et que, dès lors, elle n’est rien d’autre que la démocratie en acte ?
   La question se pose d’autant plus qu’il apparaît chaque jour davantage qu’on ne peut plus tout miser uniquement sur les deux grands systèmes spécifiques de la modernité, le marché et l’État. Ils ne sont plus en mesure, à eux seuls, de procurer emploi, activité, dignité et estime de soi à tous. D’où la nécessité de faire émerger à côté d’eux et en interaction avec eux, un troisième pilier, à la fois économique, éthique et politique, la société elle-même en somme, dont le fer de lance serait constitué par les citoyens associés. Encore convient-il de ne pas idéaliser et de reconnaître toutes les contradictions auxquelles se heurte l’engagement associatif.
   Sur tous ces points, sur la théorie et la doctrine de l’association, sur ses déterminants et ses implications sociologiques et économiques, sur ses rapports avec le tiers secteur et l’économie solidaire, ce numéro du MAUSS offre un panorama français et international sans équivalent à ce jour.

AVEC LES CONTRIBUTIONS DE : S. Anheier É. Archambault, D. Bayon, A. Caillé, P Chanial, B. Enjolras, A. Evers, L Favreau, É. Gagnon, J. Godbout, P. Hirst, S. Juan, J.-L. Laville, P Lyet, M. Parodi, S. Pasquier L. Salamon, J.-M. Servet, M. Simonet, R. Sue, Y. Vaillancourt, B. Viard, G. Vincent, P. Watier, R. Zoll.


Guerre et paix entre les sciences
Disciplinarité, inter et transdisciplinarité
Revue du MAUSS semestrielle n° 10, 2e semestre 1997, 384 p., 175 F, 26,68 euros

     « Ceux qui se bornent à une seule recherche manquent souvent de faire des découvertes qu’un esprit plus étendu, qui peut joindre d’autres sciences à celle dont il s’agit, découvre sans peine. Mais comme un seul ne saurait bien travailler à tout, c’est l’intelligence mutuelle qui peut y suppléer », écrivait Leibniz. En quelques mots, tout n’est-il pas ainsi formulé des paradoxes inhérents à la division du travail intellectuel ? Il existe, de toute évidence, une forme de stupidité profonde, un aveuglement systématique, propres aux spécialistes de chaque science particulière, liés entre eux par une commune discipline. Et cette cécité organisée, bizarrement, devient souvent d’autant plus forte qu’une science est plus avancée et son identité disciplinaire plus fortement revendiquée dans la guerre de toutes les sciences les unes contre les autres. C’est donc toujours à leur marge, on le sait bien, que s’initient les découvertes les plus fécondes.
     Si ce constat doit conduire à plaider en faveur de l’ouverture des frontières disciplinaires, il ne conduit pourtant pas à avaliser n’importe quelle forme de multi, pluri, inter ou transdisciplinarité. Car pour pouvoir se situer en marge des disciplines instituées, encore faut-il qu’elles existent ! Ce n’est donc pas à une abolition ni à un illusoire dépassement des disciplines qu’il convient d’appeler les communautés savantes, mais à l’instauration entre elles d’un mode de coopération effective, d’une forme de projet de paix perpétuelle.
     Les habitués de La Revue du MAUSS ne s’étonneront sans doute pas trop qu’on y suggère que c’est dans le sillage de la traditon durkheimienne, revue et corrigée par Marcel Mauss, que résident en la matière les meilleures chances de succès. N’est-il pas grand temps, complémentairement à ce que M. Mauss appelait l’internation, de faire advenir des formes d’interscience ?

AVEC LES CONTRIBUTIONS DE : Denys de Béchillon, Gerald Berthoud, Philippe Chanial, Jean-François Filion, Anne-Marie Fixot, René Girard, Jean-Louis Le Moigne, Jean Lurçat, Jérôme Maucourant, Edgar Morin, Douglass North, Philippe Steiner, Camille Tarot, Dominique Temple, Bruno Viard.


Comment peut-on être anticapitaliste ?
Revue du MAUSS semestrielle n° 9, 1er semestre 1997, 336 p., 175 F, 26,68 euros

     Comment peut-on être anticapitaliste ? La question doit être entendue en un double sens. Et d’abord en écho au célèbre Comment peut-on être persan ? de Montesquieu : depuis l’effondrement du « socialisme réel », le triomphe planétaire de l’économie capitaliste est devenu si absolu que ceux qui trouvent à y redire font figure de fossiles d’une époque révolue, au moins aussi étranges et déplacés qu’un Persan pour un Européen du XVIe siècle. Et, pourtant, il n’est guère douteux qu’il faille s’opposer activement à un capitalisme de plus en plus déchaîné, qui, laissé à lui-même, détruit progressivement les équilibres politiques, les cultures, et engendre des inégalités et des haines explosives entre les hommes.
     Mais comment s’opposer de manière effective, et pas seulement dans une radicalité imaginaire, à ce déferlement ? Voilà le second sens de la question. La réponse doit partir du constat des impasses de l’anticapitalisme passé, qui inspire encore largement ce qui subsiste des discours de la gauche héritée. En changeant d’échelle, le capitalisme a changé de nature : bloc compact et indissociable, désormais mondialisé, il est devenu un mégacapitalisme, parfaitement insensible aux attaques effectuées sur une base nationale. Par ailleurs, la perspective d’une abolition du règne de la marchandise a fait la preuve de son inanité. Et, enfin, nul ne saurait prétendre s’extraire du mouvement actuel de la mondialisation, en tant que tel souhaitable, sous prétexte que le capitalisme en est le premier vecteur.
     Face à ces questions redoutables et urgentes, ce numéro de La Revue du MAUSS semestrielle tente une appréciation lucide de la forme actuelle du capitalisme et explore les voies d’un anticapitalisme qui se tienne à égale distance des sirènes de l’ultralibéralisme et des dénégations incantatoires de la réalité marchande. Ce faisant, c’est à l’éclosion d’une gauche nouvelle — d’un anticapitalisme pratique — qu’il entend contribuer.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : Jean Baechler Gerald Berthoud, Robert Boyer, Alain Caillé, Michel Callon, Pascal Combemale, Henri Denis, Ivaylo Ditchev, Denis Duclos, Jean-Pierre Durand, Bernard Eme, François Fourquet, Jacques T Godbout, Serge Latouche, Bruno Latour, Jean-Louis Laville, Pierre Leroux, Pierre Lévy, Jean-Claude Michéa, Arthur Mitzman, Frederik Mispelblom, François Morin, Bruno Viard, Immanuel Wallerstein.